Ce retour, 3e depuis mon départ pour la Bolivie en octobre 2008, a été rempli de bonheurs. A chaque fois, c'est un concentré de magnifiques retrouvailles. Ce sont des moments intenses et privilégiés. C'est une grande chance d'avoir ce temps pour se retrouver avec les proches, les personnes que l'on aime. Même si en sept semaines, il n'est malheureusement pas possible de passer du temps avec toutes celles et ceux que l'on aimerait.
(images en fin de texte)
Cette fois, mon séjour comportait une nouvelle dimension, puisque Nilton m'a accompagnée environ six semaines. Nilton venait pour la première fois en Suisse, et sur le continent européen. Je me réjouissais qu'il puisse connaître un peu là d'où je viens, la famille, les ami.e.s. Et en arrière-fond, nous avions en tête que cette visite préparerait le terrain aux décisions que nous allons devoir prendre bientôt: prolonger notre vie en Bolivie ou faire un petit tour par la Suisse...
La mise dans le bain a été drastique: deux jours après notre arrivée, nous dégustions le fameux repas de la Bénichon, concocté par ma tante Colette, qui perpétue la tradition de mes grands-parents maternels. Ce fut délicieux, et comme toujours un moment très agréable de partage avec tantes et oncles, cousins et cousines et leurs enfants.
La première semaine, le temps a été occupé par la préparation de la rencontre du groupe de soutien et par des activités du crû: escapade à Moléson et à Pringy pour y comparer les modes artisanal et industriel de fabrication du fromage et petite ballade au Niremont, au pied du Moléson. Il fallait que Nilton vienne en Suisse pour que je découvre les secrets de la fabrication du fromage...
Le samedi 14 septembre a eu lieu la rencontre avec les membres du groupe de soutien Pas à Paz, à la salle paroissiale de Givisiez. Cette fois, l'envie n'était pas aux discours et présentations, mais plutôt au contact avec les personnes. J'ai de ce fait privilégié un concept ouvert, sans programme. Les personnes pouvaient découvrir à leur gré différents thèmes que j'avais préparés, à l'aide de divers supports: des panneaux avec textes et photographies pour expliquer mon mandat; un coin vidéo où il était possible de visionner des documentaires sur des thèmes variés; une projection de photographies sur différents aspects de ma vie en Bolivie, etc. Un bon nombre de personnes sont passées, et cette fois j'ai pu échanger quelques mots avec presque toutes, ce qui fut très agréable. Un immense merci à toutes et tous! En particulier aux personnes qui ont aidé à la préparation, mise en place, service et rangement, à Caroline et son groupe de flûtistes pour le beau moment musical surprise, à Mirta et Felix pour la Cueca, à Hervé pour avoir facilité l'obtention de la salle.
La suite du séjour, nous l'avons passée entre rencontres avec les ami.e.s et la famille, visites de sites et régions, le tout ponctué par des moments de travail, puisque j'ai eu l'opportunité de partager des aspects de mon mandat avec des étudiant-e-s de la Haute école de travail social de Fribourg et de l'université de Lausanne, en plus de l'habituelle présentation à l'équipe d'E-CHANGER.
Parmi les visites, nous avons passé cinq jours entre le Tessin et le Valais, où nous avons profité de nous ballader (Monte Tamaro - Monte Lema), de rencontrer des amis qui avaient aussi vécu en Bolivie comme coopérants et de déguster des spécialités tessinoises dans un grotto qui se trouvait dans le Cento Valli, vallée que nous avons choisie d'emprunter pour rejoindre le Valais, par le col du Simplon.
Nous avons également passé une semaine avec des ami.e.s dans la vallée de Binn, en Valais. Une semaine exceptionnelle, entre marches, partage, lectures, dans ce magnifique lieu sauvage et connu pour ses minéraux. Les ami-e-s avaient préparé de longue date ce séjour, et au programme il y avait l'ascension de l'Ofenhorn, une randonnée glaciaire que nous avons pu réaliser grâce à notre ami guide Florian, qui était de la partie. Ce fut une semaine suspendue hors du temps.
Nilton est reparti pour la Bolivie une dizaine de jours avant moi, ce qui m'a permis de passer quelques jours en tête à tête avec ma soeur, dans la région du lac de Constance.
Le coeur rempli de tous ces beaux moments, c'est avec un brin de tristesse que je suis repartie pour La Paz. C'est le pendant des retours en Suisse: il faut à chaque fois se remettre de ce concentré de retrouvailles pleines d'émotions. Le retour en Bolivie a toujours été pour moi accompagné d'un moment de transition un peu douloureux, marqué par des doutes quant au lieu où je devrais être. J'ai le sentiment que cela s'accentue avec le temps qui passe. Mes racines sont en Suisse, où j'ai beaucoup d'attaches. En même temps, j'ai aussi une vie ici en Bolivie, qui s'est prolongée et dans laquelle j'ai pris mes marques. Les contextes sont toutefois si différents, les rythmes et modes de vie aussi. La première semaine à La Paz, je n'y étais pas toute entière. Je commence maintenant à gentiment me rassembler et à reprendre pied. Avec encore beaucoup d'images et de sentiments liés à mon séjour en Suisse qui tournoient dans ma tête.
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